Art & Architecture
article | Temps de Lecture4 min
Art & Architecture
article | Temps de Lecture4 min
Découvrez le goût du portrait en odalisque au XVIIIe siècle.
Dans la France du XVIIIe siècle, la traduction par Galland des Mille et Une Nuits (1704-1717) et les Lettres persanes (1721) de Montesquieu, attisent encore davantage la curiosité pour l'Orient, dont les sultanes de François Boucher (1703-1770) ou d'Amédée van Loo (1719-1795) expriment la volupté. Le ballet de Rameau, Les Indes Galantes, créé en 1735, entretient ce goût, tout en offrant une incarnation plus spectaculaire. Le costume turc va servir à exalter l’aura érotique de la femme de pouvoir, et lancer une mode promise à un brillant avenir.
Les portraits de femmes en costume oriental deviennent particulièrement en vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, remplaçant les traditionnels travestissements en « Flore » ou en « Diane ». Louis-Michel van Loo (1707-1771) exécute ainsi de nombreux portraits de femmes en sultane, dont l’identité demeure parfois inconnue, comme dans le cas du portrait daté de 1758 conservé au Hillwood Estate Museum and Gardens. D’autres portraits sont au contraire très identifiés, comme avec Mademoiselle Sallé ou la marquise de Marigny du même Louis-Michel. Les van Loo ne sont pas les seuls à alimenter la tendance : le peintre Jean-Marc Nattier (1685-1766) a livré un portrait de Mademoiselle de Clermont en sultane dès 1748 (conservé à la Wallace Collection de Londres), Jean-Baptiste Le Prince (1734-1781) également, jusqu’au très beau portrait de mademoiselle Guimard en costume turc exécuté par Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) dans les années 1790, conservé au Los Angeles County Museum. Une attention particulière doit être portée au portrait de La Comtesse de Clermont-Tonnerre en sultane (1785) exécuté par Louise-Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) et conservé au Metropolitan Museum of Art, dans la mesure où le tableau d’Aulteribe semble très inspiré de la pose de ce dernier : le bras gauche appuyé sur un coussin vert foncé permet de faire basculer le buste, le visage, vu de trois quarts est perdu dans le vague. Le manteau ainsi que la ceinture sont quasi-identiques, la robe jaune irisée de bandes verticales sont très proches.
Dans le tableau conservé au château Aulteribe, l’effet recherché est manifestement très distinct des portraits de fantaisie précédemment cités, dans la mesure où l’atmosphère suggérée est bien plus érotique, avec un sein dévoilé, qui transforme la pause du portrait de Louise-Élisabeth Vigée Le Brun : elle devient très explicitement lascive. Les ressemblances entre les deux tableaux sont nombreuses et permettent d’avancer l’hypothèse d’un artiste suiveur de Vigée Le Brun, qui se serait inspiré de ce dernier afin de composer, soit un portrait lascif d’une femme destinant son effigie à son amant, dont on a de fréquents exemples au XVIIIe siècle, soit un portrait à effet décoratif.