Art & Architecture

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Une Femme en robe bleue par Jean Raoux

Partez à la découverte de l'érotisme subtil de Jean Raoux.

Présentation de l'oeuvre

Jean Raoux (1677-1734), Femme en bleu, 1717. Huile sur toile, 106,5 x 89 cm. Château de Champs-sur-Marne

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Jean Raoux est l'élève du peintre Antoine Ranc à Montpellier, puis de Bon Boullogne à Paris, qui lui permet de remporter le prix de Rome (1704) et d’être pensionnaire du roi en Italie. Il séjourne à Rome, puis à Florence, à Padoue, où il laisse des fresques religieuses pour sa cathédrale, et enfin à Venise, où il devient le favori de Philippe de Vendôme, grand prieur de l'ordre de Malte.

Véritable artiste européen, Jean Raoux unit progressivement sa connaissance de l’art hollandais, à ses expériences françaises et vénitiennes afin de créer une synthèse artistique, marquée par un chromatisme fondu et l’art du clair-obscur. Le portrait d’une Jeune fille lisant une lettre, conservé au musée du Louvre, en est le parfait exemple, avec une influence sensible des portraits en clair-obscur de Gaspard Netscher (1639-1684) ou de Godfried Schalken (1643-1706), moins naturalistes cependant et au chromatisme vénitien.

De retour à Paris en 1711, il devient le portraitiste de l'aristocratie, du monde du théâtre et de la danse, bien qu’il soit reçu à l’Académie de peinture et de sculpture comme peintre d’histoire (1717), en même temps qu’Antoine Watteau. Cependant, il ne deviendra jamais un peintre de premier plan alors que Watteau devient célèbre par ses « fêtes galantes ». Jean Raoux choisit pour sa part des « sujets de caprice », avec des personnages isolés, vêtus de costumes fantaisie et s’adonnant à des activités de loisirs.

Le tableau conservé au château de Champs-sur-Marne est très proche de L’indiscrète (1728), œuvre conservée au musée Calvet d’Avignon. On y trouve le même dispositif de composition, avec une jeune femme écartant des rideaux de manière engageante. L’érotisme demeure subtil et raffiné, mais il est bien présent, notamment via le bouquet de fleurs. Les yeux sont mi-clos, le décolleté s’offre, la gorge est rayonnante et blanche, comme sous l’effet d’un coup de projecteur suave.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Jean Raoux (1677-1734) : un peintre sous la Régence, cat. exp., Montpellier, musée Fabre, Paris, Somogy, 2010.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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