Art & Architecture
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Découvrez un élève de Nicolas de Largillière, grand portraitiste du XVIIe siècle.
Ce portrait d’homme au manteau se présente de trois quarts vers le spectateur, poudré d'une longue perruque, dite « Léonine », enveloppé d’un manteau de velours bleu doublé de satin rouge ou orangé selon l’éclairage du tableau. Le style de la perruque est celui des années 1690-1700, avec un port peu élevé et des cheminées légèrement écartées.
Ce tableau, peint vers 1690, est un exemple typique de l’art du portrait à l’aube du XVIIIe siècle. La pose est très stéréotypée, avec un buste présenté de profil et un visage de trois-quarts, très semblable aux nombreux portraits de gentilhommes exécutés par Hyacinthe Rigaud, Nicolas de Largillière, ou François de Troy, formant un « triumvirat français » du portrait au XVIIe siècle.
Nicolas de Largillière, peintre né à Anvers, est du reste très proche de Hyacinthe Rigaud, dont il partage la clientèle. Cependant, leurs manières diffèrent sensiblement. Largillière est plus fougueux, tandis la manière de Rigaud est lissée. Les deux hommes officient en même temps à l'Académie Royale, parvenant aux plus hauts postes au sein de cette institution.
Dans le portrait conservé au château d’Aulteribe, les notations réalistes, comme le velouté de la moustache, les contrastes d’ombres et de lumière, le fini lisse de la surface peinte et la complicité entre le modèle et son spectateur, situent indéniablement dans le cercle de Nicolas de Largillière.
L’artiste est formé à Anvers et se rend ensuite à Londres, où il s’installe de 1675 à 1679, et fréquente notamment Peter Lely (1618-1680), Premier Peintre de Charles II, qui lui confie de nombreuses commandes de restauration. Largillierre découvre à Londres l’art du portrait et assimile les leçons de van Dyck. De retour en France, après 1689, il devient l'un des peintres de portraits les plus recherché. Ses portraits sont appréciés pour leur ressemblance et leur sensibilité, exécutés dans la tradition flamande de Rubens et van Dyck. En 1686, il est admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il y devient professeur en 1705 avant d’en devenir le directeur de 1736 à 1743.
Cependant, son élève, Jean-François Deylen (1684-1761) pourrait également être le peintre de ce tableau. Chez Delyen, on trouve un même attrait pour la transcription illusionniste des matières, le goût des lignes sinueuses qui dynamisent la composition, et un incomparable sentiment de la vie, que l’on retrouve avec le portrait du sculpteur Guillaume Coustou (Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon), portrait grâce auquel il est reçu à l’Académie Royale en 1725. Il compte au nombre des rares artistes étrangers que l’Académie accepte de recevoir en son sein. La subtilité du traitement des chairs, en contraste avec le manteau exécuté de manière brillante et très théâtrale, sont les raisons pour lesquelles portrait d’Aulteribe semble devoir lui revenir.
Dominique Brême, L'art du portrait sous Louis XIV, dossier de l'art, n°37, Paris, Somogy, 1997, p. 52.
Gérard de Wallens, « Delyen (Jacques-François) », dans Allgemeines Künstlerlexikon. vol. 26, Munich, 2000.
Gerard de Wallens, « Les deux morceaux de réception de Jacques-François Delyen (Gand 1684 - Paris 1761). Étude matérielle, historique, technique et stylistique », dans La Revue des Archéologues et Historiens d'Art de Louvain (1994), Louvain-La-Neuve, 1996.