Hubert Robert, Caprice architectural avec un pont sur un canal

La deuxième toile d’Hubert Robert conservée au château d’Aulteribe est signée et datée de la main de l’artiste. Il s’agit encore une fois d’un caprice, sans référence à un lieu précis, mais composé de nombreux motifs récurrents dans l’œuvre du peintre comme les lavandières, le pont triomphal, la vue sous l’arche.

Cette dernière permet à l’artiste d’exploiter les jeux d’ombres et de lumière tout en offrant un cadrage à la scène représentée. Le musée Cognacq-Jay conserve un tableau d’Hubert Robert qui utilise le même procédé, figurant un pont sous lequel une femme venant s’approvisionner en eau. La manière dont la scène de genre est cadrée par le pont, encerclant complètement le sujet et focalisant la vue du spectateur, est tout à fait spectaculaire.

Dans le tableau d’Aulteribe, le procédé est encore plus singulier, puisque cet effet d’encadrement est décentré vers la gauche, comme le ferait un projecteur sur une portion de scène. Le théâtre du cadrage rejoint ici celui de la lumière, qui d’attirer l’attention sur une « scène de rue » sur l’eau, avec gondoles et des passagers traversant d’une rive à l’autre. Nous sommes donc en présence d’une œuvre « mixte » dans son inspiration, entre le capriccio, c’est-à-dire une composition mettant en scène des personnages sur fond de ruines antiques imaginaires et la veduta, qui est une représentation réaliste de l’activité urbaine et du paysage. Le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg conserve une toile de Robert qui se rattache à cette veine : on y voit des ruines architecturales formant deux ponts, qui enjambent un canal où se déploie l’activité urbaine.

Hubert Robert, 1733-1808 : Un peintre visionnaire, [Paris, musée du Louvre, 9 mars-30 mai 2016], cat. exp. sous la dir. de Guillaume Faroult, Paris, 2016.