Art & Architecture
article | Temps de Lecture5 min
Art & Architecture
article | Temps de Lecture5 min
Découvrez le raffinement des devises entourant le portrait.
Le portrait exécuté par Claude Lefèbvre, abondamment copié et gravé, est le plus connu au sein de l’iconographie de Bussy-Rabutin. L’abbé de Dangeau commande en 1685 un ensemble de 94 portraits d’académiciens, dont Bussy-Rabutin fait partie puisqu’il en a occupé le siège 20 à partir de 1665 jusqu’à sa mort, et son portrait est une copie de celui de Claude Lefebvre. Il est fort probable également qu’une autre copie du portrait ait été envoyée à Madame de Scudéry, amie proche de Bussy-Rabutin. Dans une lettre datée du 27 juillet 1678 elle mentionne en effet : « En entrant dans ma chambre, il [le duc de Saint-Aignan] les yeux sur votre portrait, et me dit « voilà notre ami qui me sourit. » ». (Correspondance de Roger de Rabutin, comte de Bussy, avec sa famille et ses amis (1666-1693), tome 4, p.164).
Les œuvres de Claude Lefebvre sont très recherchées de l'aristocratie pour leur ressemblance et c’est pour cette raison de sa production est abondante alors qu’il ne reste paradoxalement que peu d’exemples peints. Élève de son père, Jean I Lefebvre, il étudie à Fontainebleau et fréquente ensuite l'atelier de Le Sueur, puis celui de Le Brun. Ce dernier le fait travailler aux figures de ses grandes compositions et c’est dans ce domaine qu’il se spécialise par la suite. Ses portraits sont d'abord marqués par l'exemple de Philippe de Champaigne, puis par celui de Le Brun. Il passe de la construction rigoureuse du premier à une présentation plus libre et naturelle au fil de son œuvre.
Le portrait a été peint en 1673 (Th. Lhuillier, Le peintre Claude Lefèbvre, 1892, p. 487-510), alors que Bussy-Rabutin est âgé de cinquante-cinq ans et en exil. Claude Lefebvre est alors un peintre de cour et aurait connu Bussy-Rabutin dans l’atelier Charles Le Brun, premier peintre du roi, avec le comte de Brienne. Les deux aristocrates sont alors en pleine recherche pour constituer des galeries de tableaux, qu’ils accroissent sans cesse.
Cette commande est le moyen de revenir sur la gloire passée d’un militaire qui n’a jamais atteint le titre qu’il visait. Ce dernier voulait en effet obtenir l’ordre du Saint-Esprit qu’il n’a jamais reçu. Dans une lettre au comte de Gramont, 26 avril 1670 il y fait référence : « Pour le cordon bleu que vous souhaitez tous à mon portrait, je vous dirai que quelque grâce que le roi ne me veuille jamais faire, je la recevrai avec respect ; mais que si la chose était à mon choix, après les maux qu'on m'a faits et les honneurs donnés à des gens qui n'ont ni si longtemps ni mieux servi que moi, j'aime autant qu'on ne fasse rien pour moi que peu de chose ».
Le portrait du propriétaire du château trône dans l’énigmatique salle des devises. Autour de ce dernier, cinq devises viennent colorer, chacune en son genre, le sourire mutin et le regard séducteur de ce portrait :
- Un jet d’eau (Altus ab origine alta, « il tire sa hauteur de sa hauteur d’origine »)
- Un diamant (plus de solidité que d’éclat)
- L’éruption d’un volcan (la cause en est cachée)
- Un oiseau sur un arbre (Degli amori miei canti, « je chante mes amours »)
- Une montre (Quieto fuori e si move dentro, « en repos au dehors elle se meut au-dedans »)