Art & Architecture

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Pierre Gobert, Portrait de Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne.

Découvrez l'aînée des enfants de Victor-Amédée II, duc de Savoie et d'Anne-Marie d'Orléans, fille du frère du roi Louis XIV, une dauphine de France.

Présentation de l'oeuvre

Attribué à Pierre Gobert (1662-1744), Portrait de Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, v. 1700. Huile sur toile, 95 x 80 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Hervé Lewandowski / CMN

La question de l’identification du modèle est ici cruciale pour qui tente de comprendre la cohérence de la constitution de la collection du marquis de Pierre. Surmontant le portrait d’Élisabeth Stuart, tout laisse à penser que l’accrochage est ici signifiant, les deux œuvres n’ayant pas de rapports stylistiques entre elles. Or si le visage joufflu peut évoquer Mlle de Blois, princesse de Conti, il entretient également de grandes similitudes avec celui de Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), une princesse issue de la maison de Savoie, duchesse de Bourgogne puis dauphine de France.

Elle est l'aînée des enfants de Victor-Amédée II (1666-1732), duc de Savoie, et d'Anne-Marie d'Orléans (1669-1728), fille de Monsieur, frère du roi Louis XIV et de sa première épouse, Henriette d’Angleterre. Suite à la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697), la France et le duché de Savoie scellent leur réconciliation par une nouvelle union dynastique : celle du duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie. De leur union, naîtra le futur Louis XV.

La facture du tableau, de très belle qualité, est indéniablement à rapprocher de celle du peintre Pierre Gobert, peintre sous la double influence flamande et nordique, qui se caractérise par une touche du pinceau qui tend à disparaître. Cet artiste prolifique a multiplié les portraits de cour aux attitudes figées, assez répétitives, mais au délicat modelé de porcelaine, précis et lisse dans l’éclat des chairs. En revanche, la touche est moelleuse dans les draperies. Ce contraste fait tout entier l’art de Pierre Gobert.

Né dans une famille d’artistes, Pierre Gobert commence à travailler très jeune pour la cour, notamment avec une commande du Portrait du duc de Bourgogne âgé de quelques semaines, premier d’une longue liste de portraits d’enfants, genre dans lequel Gobert excelle le plus. Agréé à l’Académie royale en 1686, Pierre Gobert ne se préoccupe de sa réception que quinze ans plus tard, tant il est surchargé de commandes, notamment pour la cour de Bavière. À partir de 1707, Gobert travaille pour la cour de Lorraine où il avait été appelé par le duc Léopold. De retour à Paris il travaille très régulièrement pour la cour de France réalisant les portraits de la plupart des membres de la famille royale, dont le château de Versailles conserve les exemples les plus intéressants.

La version d’Aulteribe du portrait de Marie-Adélaïde de Savoie, au regard de celle conservée à Versailles est de taille plus modeste, mais demeure de grand format pour un portrait en buste. Étant donné que Pierre Gobert ne semble pas disposer d’un atelier vers 1700 (il en dispose un peu plus tard, lorsqu’il travaille pour la cour de Lorraine), le portrait d’Aulteribe est vraisemblablement de la main de Pierre Gobert.

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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