Art & Architecture
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Découvrez ce rare en buste du cardinal, portant la croix de l’Ordre du Saint-Esprit
Ce tableau, acquis par la famille de Pierre en 1872 (vente Rougé, Paris, 8 avril 1872, n°3), porte une inscription sur la partie supérieure de l'œuvre, « semper honos nomenque tuum laudesque manebunt », citation extraite de l'Énéide de Virgile : « Ta gloire, ton nom et tes louanges toujours subisteront ». Dans la partie inférieure figure une autre inscription : "Original de Mr. le cardinal de Richelieu peint par Philippe de Champaigne".
Armand-Jean du Plessis, cardinal de Richelieu est au sommet des faveurs lorsqu’il orchestre son image. Il recourt aux talents du peintre Philippe de Champaigne, à qui il commande au total vingt-et-un portraits. Champaigne est un peintre flamand installé à Paris, dont la réputation s’établit à travers des sujets religieux, mais aussi des paysages et des portraits. Dans la continuité du naturalisme flamand introduit dans l’art du portrait de cour en France par Frans Pourbus, Champaigne peint également Marie de Médicis et Louis XIII, qui en font un peintre officiel de la cour.
La figure du cardinal est davantage connue représentée en pied, comme dans la version conservée au musée du Louvre, peinte vers 1639. Ce portrait s’insère dans une série à laquelle appartenait la version destinée à la galerie du Palais Cardinal à Paris et dont l’original aujourd’hui perdu. Établie à la gloire des grands hommes de l’histoire de France, cette galerie à vocation privée comportait ainsi une représentation du cardinal, qui s’inscrit ainsi dans la filiation du cardinal d’Amboise, de Suger ou de Du Guesclin, et aux côtés des membres de la famille royale, au premier rang de laquelle le roi Louis XIII.
Le portrait conservé au château d’Aulteribe est postérieur à 1633, car le cardinal porte la croix de l’Ordre du Saint-Esprit, qui lui avait été conférée le 14 mai de cette année. Ce portrait fait partie de la série « à col noué par des lacets courts » peints entre 1633 et 1634. Dans les portraits plus tardifs, le col sera serré. La qualité de l’œuvre laisse à penser que le peintre aurait l’exécutée directement d’après nature dans le but de servir de modèle aux grands portraits d’apparat. Il existe en effet un grand nombre de versions du portrait en pied du cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne, conservées notamment au musée du Louvre, au Palais de l’Institut ou à la National Gallery de Londres.
Les portraits en buste du cardinal sont plus ou moins nombreux, conservés soit dans des collections particulières soit dans les collections publiques (Château de Versailles et Musée historique de Strasbourg). Le très célèbre triple portrait du cardinal, conservé à la National Gallery de Londres, a été exécuté à Paris dans l’atelier du peintre puis expédié à Rome afin de servir de modèle au sculpteur Francesco Mocchi qui devait réaliser un buste du Cardinal de Richelieu. La version originale de ce triple portrait, incomplète car le tableau a été coupé en deux, est aujourd’hui conservée au musée de la ville de Strasbourg.
Bernard Dorival, Philippe de Champaigne (1602-1674) : la vie, l’œuvre et le catalogue raisonné de l’œuvre, Laget, Paris, 1976 et « Un portrait inconnu de Richelieu par Philippe de Champaigne », Revue du Louvre et des musées de France, 1970, n°1, pl. 15.