Art & Architecture
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Partez à la découverte d'une rare nocturne de Jacques Callot.
Jacques Callot (1592-1635) est considéré comme le plus grand graveur Lorrain du XVIIe siècle, aux côtés d’Israël Sylvestre (1621-1691). Après un premier apprentissage auprès d’un orfèvre du duc de Lorraine, Callot part pour Rome vers 1608-1609 où il entre dans l’atelier du graveur Philippe Thomassin. Il rejoint ensuite Florence avant de revenir en Lorraine en 1621 à la demande de Charles de Lorraine. Depuis cette date jusqu’à sa mort, Callot étend sa renommée en tant que graveur et travaille notamment pour Louis XIII, roi de France, ou Isabelle-Claire-Eugénie, gouvernante des Pays-Bas espagnols. Principalement connu pour sa série intitulée Les Grandes misères de la guerre, évoquant les ravages et la violence de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui se déroule alors en Europe, Jacques Callot est l'un des maîtres de l'eau-forte et ses estampes se répandent dans toute l’Europe.
L’œuvre peinte du château d’Aulteribe a été ainsi exécutée d’après une estampe de Jacques Callot vers 1628-1629. Il s’agit, avec Le Bénédicité, des deux seules nocturnes de Callot. L’artiste se souvient des scènes de bas-fonds caravagesques mettant en scène des buveurs dans des tavernes, des bohémiennes ou encore des parties de cartes entachées de tricherie. Jacques Callot a pu être marqué par le Caravage lors de son séjour en Italie, mais Nancy, la ville où il habite, est également un foyer caravagesque important autour du peintre et graveur Jean Le Clerc notamment.
Le tableau d’Aulteribe rappelle le Tricheur à l’as de carreau peint par un autre artiste lorrain, Georges de la Tour, quelques années plus tard, mais il reste difficile de cerner précisément quelle œuvre a pu influencer Jacques Callot dans cette rare nocturne. Certains spécialistes ont mis en relation l’œuvre avec un tableau de Rutilio Manetti intitulé Joueur et musiciens à la lumière d’une chandelle (conservé à Sienne dans la collection Chigi Saracini) sans qu’il soit possible de préciser l’œuvre ayant influencé l’autre. David Mandrella a lui fait le lien entre la gravure et un tableau de Jean Leclerc, Le concert nocturne, conservé au château de Schleissheim à Munich. Enfin Jean Lieure, grand spécialiste de l’artiste, identifie les deux personnages centraux comme des portraits de Callot et de son épouse.
Un très grand nombre de copies peintes de cette estampe de Callot existent. Il est ainsi possible de citer, outre la version d’Aulteribe, celle du musée des Beaux-Arts de Nantes, celle du musée de Brou, ou encore celle du musée des Beaux-Arts de Tours, toutes trois datées du XVIIe siècle.
Jacques Callot 1592-1635), [Nancy, musée historique lorrain, 13 juin-14 septembre 1992], cat. exp. sous la dir. de Paulette Choné, Paris, 1992.