Art & Architecture
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Partez à la découverte d'un emblématique portrait d'Henri IV.
Après son entrée dans Paris en 1594, Henri IV commande des portraits à son effigie afin de diffuser la réalité de son pouvoir. Le roi a une quarantaine d'années, son visage est émacié en dépit d’une barbe blanche, le nez est « bourbonien ». Henri IV est un homme de guerre et entend dans un premier temps le rappeler par le biais d’estampes commandées le représentent en armure, portant souvent, l'écharpe blanche, signe distinctif des protestants, les catholiques ayant adopté le rouge, au moment des guerres de Religion.
Vers la fin de son règne, Henri IV souhaite donner une image de roi pacifique. L'armure laisse place au costume de cour, exhibant souvent fièrement l'ordre du Saint-Esprit, ordre créé en 1578 par Henri III afin de fédérer autour du trône la noblesse divisée par les guerres de Religion. Au quotidien, les chevaliers devaient porter la croix de l’Ordre suspendue à un « ruban de soye de couleur bleuë céleste ». Henri III choisit comme emblème générique une croix de Malte, ce qu’aucun créateur d’ordre de chevalerie n’avait encore jamais fait.
À partir du règne de Henri IV, les fils de France reçoivent le cordon bleu à leur ondoiement ou à leur baptême, comme le futur Louis XIII en 1601. Henri IV permet également à un petit nombre d'étrangers, monarques et grands seigneurs de confession catholique, d'entrer dans l'Ordre.
Frans Pourbus II, dit le Jeune, est né à Anvers vers 1569-1570. Il se forme auprès de son père, Frans I, dit l’ancien, également portraitiste, et de son grand père, Pieter Pourbus. Il s’inscrit dans tradition réaliste flamande pleinement intégrée, capable de répondre aux aspirations à la prépondérance sociale des riches Anversois.
En 1591, il s’installe à la cour des archiducs Habsbourg à Bruxelles. Cette expérience marque le début de sa carrière itinérante, au service quasi-exclusif de la diffusion de l’image princière. Il s’inspire de nombreux artistes, flamands ou espagnols, pami lesquels figurent Willem Key, Jean de Namur, Antonis Mor ou les Van Veen. Invité à la cour de Mantoue en 1599, il rejoint Pierre-Paul Rubens. Pour le duc de Mantoue, Pourbus parcourt l’Europe afin de réaliser une « Galerie des belles femmes ». Il se rend notamment à Innsbruck, à Prague, et à Paris où il portraiture la reine Marie de Médicis et son fils, le futur Louis XIII. Un des chefs d’œuvres de cette époque est le Portrait d’Eléonore de Médicis, qui montre la duchesse à mi-corps, somptueusement vêtue, se détachant sur un fond de drapés cramoisis.
Pourbus a déjà un statut d’artiste cosmopolite, peintre de plusieurs cours européennes, lorsqu’il est appelé par Marie de Médicis, fin 1609, pour y devenir le portraitiste de la cour. Il met alors au point les codes d’un portrait d’apparat qui enrichit la tradition française du genre, mais s’inspire aussi de François Clouet pour le statisme des poses. Il est notamment connu pour ses portraits d’Henri IV, une iconographie nouvelle des rois de France, caractérisé par « le rapt des regalia » selon l’expression de Blaise Ducos.
L’œuvre du château d’Aulteribe est une copie d’assez bonne facture d’après le portrait original d’Henri IV conservé au musée du Louvre et daté, avec quelques interrogations, de 1610. Le roi est représenté en pied, vêtu d’un pourpoint de soie noire, des hauts-de-chausses de la même couleur, l’ordre du Saint-Esprit autour du cou, l’épée à la ceinture, dans une pièce dallée de marbre et close par un drapé noué vert. Cette œuvre a été abondamment copiée au XVIIe siècle et après comme en témoigne d’autres copies conservées au Château de Versailles ou encore à Chantilly.
Blaise Ducos, Frans Pourbus le Jeune, Le portrait d'apparat à l'aube du Grand siècle, entre Habsbourg, Médicis et Bourbons, Paris, Faton, 2011.