Art & Architecture

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Christ en croix d’après van Dyck

Partez à la découverte de l'iconographie innovante de van Dyck.

Présentation de l'oeuvre

D’après Antoon van Dyck (1599-1641), Christ en Croix, XIXe siècle. Huile sur toile, 96 x 65 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon

© Alain Lonchampt/Centre des Monuments nationaux.

Cette célèbre représentation du Christ en croix par Antoon van Dyck, élaborée alors qu’il vit en Italie, date probablement des années 1630, période où il exécute ses plus beaux tableaux d’autel. Dans son Christ en croix, l’influence vénitienne est visible par la lumière vibrante et dorée du corps du Christ.

Le succès du tableau repose sur son iconographie innovante, à la fois dramatique et élégiaque, qui a inspiré d’emblée de nombreux peintres gravitant autour du cercle du maître flamand. L'élément iconographique le plus marquant est la centralité, ainsi que l’isolement de la figure du Christ au sein de la composition. À la différence de la crucifixion conservée à Lille, van Dyck ne fait figurer aucun personnage autour du Christ, alors que la scène est habituellement complétée par la présence de Marie, Marie-Madeleine, Jean, des larrons ou de soldats…

Ici le Christ est seul, et le sentiment de drame est accentué par une palette sombre, qui contraste avec le corps doré du Christ, dont le visage exprime l’abandon serein à la lumière divine. Le drap entourant ses hanches, souple et délié, fait écho à la figuration ondulée des muscles du corps, aux contours soulignés par une ligne rouge sang.

L’inspiration de l’œuvre s’inscrit dans le large contexte de la Contre-Réforme, mouvement par lequel l’Église catholique réagit au cours du XVIᵉ siècle à la Réforme protestante, notamment en favorisant le développement de représentations sensibles des épisodes de l’Evangile au sein des églises, dans le but de stimuler la ferveur catholique. Alors que les premiers chrétiens ont évité de représenter le Christ en croix, c’est la figure du « Christ triomphant » (Christus triumphans) est privilégiée au Moyen-Age, tandis que le « Christ mort » (Christus patiens, résigné) se développe dans la peinture byzantine. Ce sont les primitifs italiens qui initient les représentations du Christ humanisé, souffrant le martyre (Christus dolens), thème central de la Contre-Réforme qui invite à concevoir des représentations plus pathétiques, comme dans le tableau de van Dyck.

Le tableau connaît un vif succès dès le XVIIe siècle et a été abondamment copié, soit strictement, soit avec des variations. L’œuvre originale est conservée au Kunshistorisches Museum de Vienne. Les versions les plus connues sont celles du Palazzo Reale de Gênes, ou celle du Museo di Capodimonte de Naples. La version d’Aulteribe est de dimension plus modeste que celle de Vienne, bien plus sombre, et au modelé peu travaillé, que ce soit dans la figure du Christ elle-même qu’au niveau du drapé. Cette copie date probablement du XIXe siècle.

Antoon van Dyck (1599-1641), Christ en Croix, 1628/1630. Huile sur toile, 133 × 101 cm. Kunsthistorisches Museum Wien, Gemäldegalerie

© KHM-Museumsverband

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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