Art & Architecture
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Découvrez le sens l’ornementation des tableaux de dévotion par des fleurs ...
Au XVIe siècle, l’ornementation des tableaux de dévotion par des fleurs coïncide avec le développement des jardins botaniques et la diffusion de plantes rares et nouvelles. L’ornementation commence par des guirlandes confiées à des spécialistes, collaborateurs de portraitistes. Les pays protestants excellent alors particulièrement dans cet art aussi documentaire que symboliste de la peinture florale.
Les fleurs représentées doivent être étudiées tout au long de l’année à partir de spécimens vivants, en pleine terre ou en pot (Pierre Valet) et assemblées ensuite en un discours cohérent s’affranchissant des contraintes saisonnières. Chacune est retenue pour sa signification propre.
Dans les sujets religieux, le culte marial adopte certaines fleurs, comme la rose ou le lys. L’Œillet, dont le nom savant Dianthus signifie « Fleur de Dieu » accompagne ainsi naturellement certaines
Vierges à l’enfant Jésus.
Le nom de Jan Brueghel (1568-1625), dit Brueghel de Velours s’est d’emblée imposé pour son attribution dans la mesure où c’est au peintre que l’on doit la création d'un type original de guirlandes ovales, de festons de fleurs et de fruits se détachant sur un fond sombre. Le médaillon central est généralement exécuté par un de ses confères (Rubens, van Balen ou même parfois un tableau italien). C’est le cas du tableau conservé au musée du Louvre, dont le médaillon central est aujourd’hui attribué à Pierre Paul Rubens (1577-1640).
Selon Jacques Foucart, le délicat traitement réaliste de la couronne de fleurs fait pencher en faveur d’une attribution à Jan I Brueghel. Il est éclatant de précision naturaliste : roses, lys, tulipes panachées, œillets et myosotis sont de plus animés par une grande variété d’insectes. Klaus Ertz et Christa Nitze-Ertz consacrent dans « Jan Brueghel der Ältere (1568-1625) », Lingen, 2008-2010 une notice au tableau d’Aulteribe, n° 467) : ils confirment l'attribution de Jacques Foucart (1977) et pensent que le tableau a été achevé par son fils, Jan Brueghel le Jeune. On connaît soixante-dix peintures de couronnes de fleurs exécutées par Jan Brueghel. Le père a laissé beaucoup de ces tableaux inachevés à sa mort prématurée en 1625 et c’est son fils qui les a terminés. Le père demande à des maîtres anversois reconnus de peindre la petite scène religieuse au milieu, comme Rubens, H. van Balen ou F. Francken le Jeune... Le fils confie en revanche l’espace central de la composition à des peintres beaucoup plus modestes ce qui crée, comme dans le cas du tableau d’Aulteribe, des situations étranges, où les fleurs sont de bien meilleure qualité que la Vierge à l'enfant !
Comme le montre la notice de l’INHA, la Vierge est une citation d’une œuvre de Bartolomeo Cavarozzi (vers 1590-1625), réalisée vers 1617, abondamment copiée au XVIIe siècle (voir le catalogue d’exposition Bartolomeo Cavarozzi a Genova' a Genova, Galleria Nazionale di Palazzo Spinola, dal 6 dicembre 2017 all'8 aprile 2018.). Cependant, pour David Mandrella, Cavarozzi imite ici plutôt une Vierge rubénienne et pour cette raison, il y a une certaine ressemblance. Les Ertz pensent comme Jacques Foucart que l’auteur du médaillon est un artiste qui travaille à la manière de Cornelis Schut (1597-1655).
Breughel-Brueghel : Une famille de peintres flamands vers 1600, cat. exp., 1998, Antwerp, Essen, Vienna et Cremona., n° 62.
Jacques Foucart et Jean Lacambre, Le Siècle de Rubens, Grand Palais, 1977-1978, n° 19.
Klaus Ertz et Christa Nitze-Ertz, Jan Brueghel der Ältere (1568-1625). Kritischer Katalog der Gemälde, Lingen, 2008-2010, n° 467.
Gianluca Zanelli, Bartolomeo Cavarozzi a Genova. Galleria Nazionale di Palazzo Spinola. Genova dicembre 2017 - aprile 2018, Genova, Sagep, 2017.