Art & Architecture
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Découvrez le portrait du « Roi des Français » renonçant aux fastes de l'Ancien Régime
Né en Allemagne dans le grand-duché de Bade en 1805, Franz-Xaver Winterhalter est l’élève, à Munich, de Joseph Karl Stieler, disciple de François Gérard, grand portraitiste français, et auteur d’une célèbre galerie de beautés pour le roi Louis Ier de Bavière. En 1834, à son retour d’un voyage d’études en Italie, Winterhalter est nommé peintre officiel de la cour de Bade, mais expose également à Paris dès le Salon de 1835.
Remarqué par la haute société parisienne, il attire l’attention de la famille d’Orléans, et la reine Marie-Amélie le charge d’exécuter le portrait officiel de Louis-Philippe en 1839, dont de nombreuses copies officielles sont exécutées.
Il est représenté en pied devant une vue du parc de Saint-Cloud, domaine royal acheté par le duc d’Orléans. Il porte son uniforme de lieutenant général, et serre sous son bras gauche son bicorne orné de la cocarde tricolore. La main droite est posée sur la charte de 1830 placée sur une table à côté de la couronne fermée, du sceptre et de la main de justice. Louis-Philippe porte l’écharpe de moire rouge, les croix et la plaque brodée de la Légion d’honneur, modifiée sous la Restauration, où figurent des drapeaux tricolores. Louis-Philippe rompt volontairement avec l’ostentation et les fastes de l’Ancien Régime.
« Roi des Français » et non plus « Roi de France », Louis-Philippe ne renie pas son glorieux lignage, notamment avec la présence des Regalia déposés sur une table à dextre. Cependant, sa main droite repose sur la charte, élément essentiel du tableau. La grande innovation réside surtout dans la tenue du roi, un uniforme militaire, symbole de son autorité et emblème national, tout comme les autres souverains européens. Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse, est le premier à se faire représenter en tenue militaire. La composition garde cependant quelque chose du portrait du souverain en costume de sacre, avec une forme de théâtralisation conservée par le biais des rideaux encadrant le portrait, de la colonne monumentale, ainsi que du tapis contrastant avec la vue extérieure.
Franz-Xaver Winterhalter exécute d’autres portraits de la famille d’Orléans : celui de son épouse, de la reine Marie-Amélie, de sa sœur, de madame Adélaïde, ainsi que de ses enfants et de leurs conjoints sont aujourd’hui présentée au musée national du château de Versailles.
Franz-Xaver Winterhalter et les cours d’Europe de 1830 à 1870, cat. exp., Paris, musée du Petit Palais, 1988.
Franz-Xaver Winterhalter, Portraits de cour entre faste et élégance, cat. exp., musée du palais de Compiègne, 30 septembre 2016-15 janvier 2017, Paris, Reunion des Musees nationaux, 2016.
Muriel Vigie, Le Portrait officiel en France du Ve au XXe siècle, Paris, FWW, 2000.