Art & Architecture
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Partez à la découverte des symboles impériaux choisis par Eugénie de Montijo
Les deux portraits originaux présentés par Franz-Xaver Winterhalter au Salon de 1855 ont disparu du palais des Tuileries lors de la Commune, le palais étant définitivement ruiné après l’incendie de mai 1871. Ces deux portraits sont demeurés célèbres grâce aux nombreuses copies destinées à orner les bâtiments officiels. L’État commande ainsi et dépose quelques 540 Napoléon III et près de 400 Eugénie entre 1855 et 1870, d’après les modèles de Winterhalter. Les copies étaient déclinées en deux versions, en pied ou en buste.
Le Second Empire voit la consécration de l’artiste dont la légion d’honneur octroyée en 1839 avait déjà entériné la reconnaissance. Le comte de Nieuwerkerke, alors surintendant des Beaux-arts, dont la compagne officieuse, la princesse Mathilde, est la cousine de Napoléon III, a sans doute favorisé l’introduction de Winterhalter auprès de la cour des Tuileries. La manière de peindre de Winterhalter séduit Eugénie, manière « manière coquette et brillante », proche des anglais selon Théophile Gautier.
Il exécute ainsi les portraits d’apparat du couple impérial en 1853, celui de l’empereur faisant pendant au portrait d’Eugénie au Salon de 1855. Le portrait de l’impératrice Eugénie reprend les mêmes principes symboliques que ceux de son époux et la pourpre et l’or sont omniprésents. Debout, en robe à crinoline, l’Impératrice Eugénie de Montijo se tourne vers le spectateur en désignant les jardins du Palais des Tuileries, et ce mouvement de main vient se placer juste au-dessus de la couronne. Elle arbore son très fameux diadème de perles et de diamants créé par Lemonnier, qui provenaient d’une parure créée par Nitot pour Marie-Louise de 1810 à 1812, modifiée en 1819-1820. Elle porte le grand cordon de l’ordre de la reine Marie-Louise d’Espagne qui rappelle les nobles origines de la comtesse de Teba. Un léger halo entoure sa tête et sa robe de soie blanche. Dentelles et manteau vert émeraude jouent contraste avec les rideaux d’apparat rouges, qui s’ouvrent comme sur un décor de théâtre.
De nombreuses femmes artistes ont copié ce portrait de l’impératrice Eugénie. Sur les soixante-trois copies demandées par l’administration des Beaux-arts en 1861, trente ont été exécutées par des copistes femmes. Louise-Adélaïde Desnos est peintre d’histoire, de scènes de genre et de portraits, est l’une d’entre elles. Elle assez connue pour se faire portraiturer par Louis Hersant en 1845, et expose au Salon de Paris de 1831 à 1853.
Si quelques talents féminins parviennent à exposer à partir de 1860 au Salon de Paris, la carrière artistique institutionnelle demeure fermée aux femmes. L’école des Beaux-Arts ne leur est pas ouverte jusqu’en 1897, les commandes officielles d’œuvres originales sont rares. L’École nationale de dessin pour jeunes filles, fondée en 1803, est alors la seule institution publique d’art accessible aux femmes à Paris, viendront ensuite, à partir de 1873, académie Julian, privée.
Franz-Xaver Winterhalter et les cours d’Europe de 1830 à 1870, cat. exp., musée du Petit Palais, 1988.
Franz-Xaver Winterhalter, Portraits de cour entre faste et élégance, cat. exp., musée du palais de Compiègne, 30 septembre 2016-15 janvier 2017, Paris, Reunion des Musees nationaux, 2016.
Catherine Gonnard, Elisabeth Lebovici, Femmes artistes/Artistes Femmes, Paris, Hazan, 2007.
Marie-Noëlle Maynard, notice « Portrait de Napoléon III » [d’après Franz Xaver Winterhalter], dans Armand Barbès et la Révolution de 1848 [cat. exp. Carcassonne, musée des Beaux-Arts, 6 novembre 1998 - 2 février 1999], [s. l.] : [s. n.], 1998.
Cécile Raynaud, notice « Portrait de Napoléon III » [Franz Xaver Winterhalter], dans Berlioz. La Voix du romantisme [cat. exp. Paris, Bibliothèque nationale de France, 17 octobre 2003 – 18 janvier 2004], Paris, Bibliothèque nationale de France, 2003.