Art & Architecture
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Découvrez les sources érudites et la spécificité de cette Sainte Famille.
En dépit des préceptes de la Réforme catholique qui invitent à une évocation plus authentique de la
vie du Christ, la représentation de la Fuite en Égypte est pour beaucoup d’artistes un simple prétexte, une occasion de dépeindre une plaisante scène familiale dans un paysage bucolique, sans horizon
théologique très clair.
L’Évangile selon Matthieu (Mt 2, 13-23), qui est la source du récit de la fuite en Égypte, évoque de manière laconique l’épisode, également appelée le Miracle du palmier, plus précisément décrit dans un évangile apocryphe. Marie, fatiguée par l’ardeur du soleil dans le désert aperçoit un palmier et souhaite se reposer sous son ombre. Assise, Marie regarde la cime du palmier, chargée de fruits, et demande à Joseph d’en goûter. Joseph s’étonne : « tu vois à quelle hauteur sont les palmes, et tu te proposes de manger de leurs fruits ! ». L’enfant Jésus, qui reposait calmement sur sein de sa mère, dit alors au palmier : « Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes fruits ! » Obéissant à ces mots, le palmier incline aussitôt sa cime jusqu’aux pieds de Marie, pour qu’on y cueille des fruits.
La présence d’un palmier dans ce Repos pendant la fuite en Egypte conservé au château d’Aulteribe, copie sur cuivre d’après le tableau du peintre italien Annibal Carrache (1560-1609), est ainsi d’une grande fidélité au texte, bien au-delà de la scène familiale et bucolique. L’œuvre conservée au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg connaît un grand succès. Elle est copiée par les suiveurs de Carrache et marque la naissance du paysage classique, avec une composition rigoureusement construite qui cherche à évoquer l’Arcadie virgilienne. Il existe une version de format rectangulaire sur panneau de bois peinte par Francesco Albani, dit l’Albane, élève de Carrache, conservée au Princeton University Museum. Outre son format, cette version diffère de l’œuvre originale par l’absence d’un des anges accompagnant la vierge, de même que disparaît la colline et le château qui la surmonte, tandis que deux putti dans l’angle supérieur gauche sont ajoutés. En cela la version d’Aulteribe est bien plus proche de l’œuvre du Carrache puisqu’elle n’en diffère que par un cadrage très légèrement resserré.