Art & Architecture
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Découvrez l'histoire d'une très belle copie de la sainte Cécile du Dominiquin.
Le château de la Motte-Tilly conserve une belle copie du tableau original de Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin, exécuté à Rome vers 1617-1618 et aujourd’hui conservé au musée du Louvre.
La légende de sainte Cécile est notamment relatée par Jacques de Voragine dans La Légende dorée. Elle aurait vécu à Rome, à la fin du deuxième siècle. Selon la légende, elle est issue d'une famille noble romaine mais, très jeune, voue sa vie à Dieu, fait vœu de virginité et meurt en martyre. Sainte Cécile est finalement exécutée en raison de son refus des pratiques religieuses autres que le christianisme. Cécile aurait chanté en attendant le coup de hache du bourreau.
Son culte est particulièrement actif à Rome dans les premières années du XVIIe siècle, à la faveur de l’exhumation de sa dépouille lors de travaux effectués au sein de l’église du Trastevere de Rome en 1599. Le sculpteur Stefano Maderno présent au moment de cette découverte l’a immortalisée dans le marbre dans la position exacte dans laquelle elle a été trouvée.
Le Dominiquin, passionné de musique a représenté la sainte patronne des musiciens à de multiples reprises. Ici, Sainte Cécile, dont le nimbe est à peine visible, joue de la viole de gambe, instrument très en vogue à la Renaissance. Cette « viola da gamba », ou « viole de jambe », se tient entre les jambes par opposition à la « viola da braccio », ancêtre du violon, qui se tient dans les bras.
La sainte ne maintient pourtant pas son instrument entre les jambes, car ce dernier est posé sur un parapet de pierre au premier plan du tableau. Debout, sur ce même petit muret, un ange nu présente, posé sur sa tête, un livre de partitions. Sainte Cécile ne jette cependant aucun regard vers ces portées, elle a les yeux levés vers le ciel, comme inspirée par une musique céleste. Cette attitude rappelle la Sainte Cécile de Raphaël (1514, Pinacothèque de Bologne), inspirant sans doute également celle de Guido Reni en 1606 (Passadena, Norton Simon Museum).
L’œuvre du Dominiquin, formé par les Carrache à Bologne, est très influencée par celle de Raphaël, en dépit de son inspiration indéniablement baroque dans le type féminin. Les deux personnages et la viole forme trois masses verticales auxquelles répond l’horizontalité du parapet et de l’archet. Une douce lumière dorée en provenance de la gauche met en valeur les volumes sans clairs obscurs trop prononcés. Le fond neutre et sombre met en valeur le visage de la sainte à l’ovale parfait. L’aspect statique de l’ensemble est contrebalancé par de nombreuses lignes serpentines, comme celle formée par le bras s’enroulant autour de la viole, celles de la viole elle-même, et enfin celles formées par les plis et drapés de la robe.