Art & Architecture

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Un Ecce homo de l’entourage de Léonard

Découvrez les subtilités de l’iconographie de l’ecce homo chez les peintres « léonardesques » de l’école lombarde.

Présentation de l'oeuvre

D’après Giovanni Pietro Rizzi Pedrini dit Giampietrino, actif entre 1495 et 1549, Ecce homo. Huile sur bois, 63,5 x 46,5 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé/Centre des Monuments nationaux.

Le panneau d’Aulteribe est à mettre en lien avec l’essor de l’iconographie de l’ecce homo parmi les peintres « léonardesques » de l’école lombarde, entre la toute fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle. Il se rattache à cette production par le cadrage à mi-corps, le traitement mélancolique du visage du Christ, ainsi que par l’utilisation du clair-obscur.

L’œuvre rappelle les tableaux d’Andrea Solario sur ce thème et notamment celui conservé au Philadelphia Museum of Art, datée des années 1509.

Cependant, le panneau d’Aulteribe diffère des œuvres de Solario, dans la mesure où ce dernier représente la figure du Christ toujours debout. La posture rappelle davantage celle du panneau vendu en 2014 chez Sotheby’s New York, attribué à Giovanni Pietro Rizzi Pedrini dit Giampietrino. Les deux œuvres présentent une composition très similaire, notamment en ce qui concerne la position du Christ, assis sur une chaise de bois  à volutes, qui semble coupée dans l'oeuvre conservée à Aulteribe. L’organisation des drapés est également similaire, quoique dans la version de Sotheby’s les couleurs du manteau diffèrent. Enfin, la version d’Aulteribe possède un décor constitué d’un mur ouvert par une fenêtre à la droite du Christ qui n’apparait pas dans la version de Sotheby’s. Si les deux versions sont assez abimées, celle de Sotheby’s paraît être de meilleure facture, et pourrait ainsi constituer la version originale de Giampietrino. La version d’Aulteribe serait donc, de ce fait, une copie d’après cette composition. Une autre copie d’après la version de Giampietrino mais inversée est conservée au musée Magnin de Dijon.

Selon Federico Zeri, les accents de lumière, notamment présents au niveau des cheveux, seraient caractéristiques de plusieurs peintures copiant les inventions de Giampietrino. Pour Antoine Lavastre, l'artiste pourrait être un membre de son atelier, aujourd’hui non identifié. Cristana Geddo, grande spécialiste de Giampietrino, indique, elle, discerner dans ce corpus (qu’elle a élargi) deux artistes distincts (un assez proche du maitre ; et un autre caractérisé par le caractère grotesque de ses figures féminines) qu’elle nomme Pseudogiampietrino A et Pseudogiampietrino B.

Quoiqu'incertaine, l’attribution de l’œuvre du château d’Aulteribe à un élève de Giampietrino semble pouvoir se soutenir.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Cristana Geddo, «La Madonna di Castel Vitoni del Giampietrino », Achademia Leonardi Vinci, vol. VII, 1994, p. 57-67. 

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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