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Une vue de Dresde par Elisabeth de France, sœur de Louis XVI

Découvrez une rare relique royale, probablement en lien avec le cardinal de Fontanges, aumônier de Marie-Antoinette.

Présentation de l'oeuvre

Élisabeth de France (1764-1794), Vue de Dresde, v. 1792-1794. Dessin aquarellé, 10,5 x 13,5 cm avec cadre. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Née au château de Versailles en 1764, Élisabeth de France, dite Madame Élisabeth, est la dernière des sœurs de Louis XVI. Orpheline à l’âge de trois ans, elle reçoit une excellente éducation et se passionne pour les sciences. Ses contemporains la disent bonne écuyère, douée pour le dessin et la broderie. Alors qu’elle est encore enfant, sa gouvernante, la comtesse de Marsan, l’emmène avec sa sœur aînée, Madame Clotilde, aux salons de peinture officiels. Par la suite, la princesse montre de réelles dispositions pour le dessin, et le musée de Versailles conserve quelques-unes de ses œuvres

Dès l’enfance, elle exprime une grande dévotion, tout en étant d’un caractère dissipé et original. Elle manifeste très tôt un fort attachement à Louis XVI et à Marie-Antoinette, aux côtés desquels elle demeure toute sa vie, refusant en particulier de se marier. En 1789, lorsque la foule emmène le roi à Paris, en 1791, lors de la fuite à Varennes, ou en 1792, lors de la prise des Tuileries, c’est librement, volontairement, que Madame Elisabeth, refusant l’exil, partage le sort de la famille royale. Le 10 mai 1794, « Elisabeth-Philippine-Marie-Hélène Capet », condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire. Son corps tronqué et dénudé est jeté dans une des fosses communes du cimetière des Errancis. Après la Révolution, la dépouille n'a pu être identifiée, en dépit du témoignage d'un fossoyeur qui avait localisé la fosse commune. C’est pour cette raison que seul un médaillon la représente au sein de la Basilique de Saint-Denis.

Cette vue est identifiée comme celle de Dresde, comme le montre les vues exécutées de Bernardo Bellotto conservées (Dresde, musée des beaux-arts), ville de naissance de sa mère, Marie Josèphe de Saxe (1731-1767), devenue dauphine de France par son mariage avec le dauphin Louis, fils de Louis XV. Mme Elisabeth connaît bien Dresde et a pu en dessiner cette vue, soit de mémoire, soit plus vraisemblablement à l’aide d’estampes.

On peut imaginer toute la mélancolie à l’œuvre dans l’esquisse de cette ville. Le destin de Marie Josèphe de Saxe n’avait été non plus des plus heureux. Elle meurt en mars 1767 au château de Versailles, à l’âge de 35 ans, peu après son époux, le Dauphin Louis, qui n’aura jamais régné. La Révolution, même enterrée, ne l’épargne pas, puisque les sépultures du Dauphin et de son épouse, conservés à Sens sont profanées en 1794 et leurs restes jetés dans une fosse commune du cimetière de l'Hôtel-Dieu. Leurs corps sont retrouvés et remis dans leur caveau de la cathédrale de Sens en 1814. Seul son cœur repose à l’église de Saint-Denis.

Bernardo Bellotto (1722-1780), Vue de Dresde depuis la rive droite de l’Elbe, au-dessus du pont Auguste, 1748. Huile sur toile, 133 x 237 cm. Dresde, Gemäldegalderie Alte Meister

© Wikipedia

Bernardo Bellotto (1722-1780), Vue de Dresde depuis la rive droite de l’Elbe, au-dessus du pont Auguste, 1748. Huile sur toile, 133 x 237 cm. Dresde, Gemäldegalderie Alte Meister

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Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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