Art & Architecture

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Jardins à la française, jardins à l’anglaise : le jeu des différences

Élégants, les jardins à la française sont un héritage du Grand Siècle. Poétiques, les jardins à l’anglaise sont une ode à la nature. Et si nous examinions leurs différences de plus près grâce aux monuments nationaux ?

Les jardins à la française, structure et raffinement

Le jardin à la française apparaît vers le XVIe siècle, inspiré par ceux de la Renaissance italienne. Au siècle suivant, son style est conceptualisé par Jacques Boyceau, intendant des jardins du roi Henri IV. Mais sa renommée est surtout liée au talent d’André Le Nôtre, paysagiste du roi Louis XIV, qui imagine, entre autres, le parc du château de Versailles. Aussi qualifié de « classique », il incarne un idéal de perfection, où la nature est domestiquée par l’Homme. Voici ses principales caractéristiques !

Un tracé géométrique

Flânons un peu dans le magnifique jardin du château de Champs-sur-Marne. Son axe central est constitué d’une grande perspective, longue de près de 900 mètres. De chaque côté, des bosquets bien taillés sont plantés en étoile. Quant aux parterres, ils sont délimités par deux allées en croix. Enfin, vous ne pouvez pas manquer les sublimes broderies   en buis ! Leurs volutes   reproduisent les motifs d’un tapis oriental. Aucun doute : l’harmonie et la symétrie sont indissociables du jardin à la française !

Allée centrale du jardin à la française
Allée centrale du jardin à la française

© Yann Monel / Centre des monuments nationaux

Une conception architecturale

Rendons-nous maintenant au parc du domaine de Saint-Cloud. Splendide, celui-ci est aménagé entre 1660 et 1700 par André le Nôtre. Ce dernier y crée notamment la salle de verdure des Trois Bouillons, avec ses murs d’arbres et son tapis vert. Cette « pièce » végétale est même ornée de vases et de statues, comme peut l’être un salon d’intérieur. Avez-vous remarqué comme ces termes sont proches de ceux utilisés en architecture et en décoration ? C’est parce que le jardin à la française est pensé comme le prolongement d’une demeure.

Bassin des Trois-Bouillons au domaine de Saint-Cloud, avec des vases, des sculptures, des rangées d’arbres et un tapis vert
Salle de verdure des Trois Bouillons au domaine national de Saint-Cloud

© Éric Sander / Centre des monuments nationaux

Des jeux d'eau

L’eau tient également une grande place dans ces jardins. Certaines installations sont d’ailleurs spectaculaires, comme la sublime Grande Cascade du parc de Saint-Cloud 

Mise en eau de la Grande Cascade du domaine de Saint-Cloud, avec ses jets d’eau en forme de grenouille et ses fontaines.
Grande Cascade du parc de Saint-Cloud

© Caroline Rose / Centre des monuments nationaux

D’autres ont l’allure calme et élégante de miroirs, tournés vers le ciel. Regardez, en voici un bel exemple au château de Bouges ! Situé face à l’édifice, ce bassin marie eau et lumière pour mieux faire rayonner les alentours. Il s’anime également, grâce à un jet d’eau représentant Amour chevauchant un dauphin. 

D’autres jardins à la française vous attendent au domaine du Palais-Royal et aux château de Bussy-Rabutin, de La Motte-Tilly et de Carrouges.

Le château de Bouges se reflétant dans le miroir d’eau de son jardin à la française.
Miroir d’eau face au château de Bouges

© Yann Monel / Centre des monuments nationaux

Les jardins à l’anglaise, nature et charme

Le jardin à l’anglaise naît au début du XVIIIe siècle sous l’influence de philosophes et d’artistes, comme le poète Alexander Pope. Il rejette les codes du style « à la française », trop géométrique, et prône le retour à une nature sauvage et poétique. Dans les années 1770, cette nouvelle esthétique se répand en Europe et un jardin à l’anglaise est même planté à Versailles pour Marie-Antoinette. Durant la Révolution, sa liberté d’aménagement en fait un symbole d’émancipation vis-à-vis de la monarchie, tandis qu’au XIXe siècle, il pose les bases du jardin romantique. Découvrons quelques-uns de ses principes !

Une sensibilité artistique

La composition d’un jardin à l’anglaise est très semblable à celle d’un tableau. Ce n’est pas un hasard : William Kent, qui en élabore les premières versions dans les années 1730, est à la fois paysagiste et peintre ! La diversité et l’équilibre des volumes sont donc primordiaux et viennent sublimer l’aspect naturel. Les végétaux choisis sont variés, tant dans leur type que dans leurs coloris. Le jardin anglais du château de Rambouillet l’illustre parfaitement. Sur près de 25 hectares, il mêle prairies et arbres rares le long d’une rivière. Ne trouvez-vous pas le cadre splendide ?

Château de Rambouillet, parc, Chaumière aux coquillages, la rivière
Château de Rambouillet, parc, Chaumière aux coquillages, la rivière

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Une reproduction de la nature

Si ces espaces mettent la nature à l’honneur, ils n’en sont pas moins aménagés avec soin ! Des éléments remarquables sont donc parfois intégrés à leur agencement, toujours dans l’idée de charmer les promeneurs. C’est ainsi qu’au château d’Azay-le-Rideau, la topographie participe pleinement à la beauté des lieux. Au cours du XIXe siècle, des allées sinueuses sont dessinées dans le parc, offrant différents points de vue sur l’édifice. Plus tard, en 1950, le bras de la rivière est élargi. L’eau vient alors entourer le château et forme un étang immense, pour le plus grand plaisir des libellules et des visiteurs !

Le château d’Azay-le-Rideau, entouré de son parc, avec un étang, des arbres et un chemin.
Le château d’Azay-le-Rideau entouré de son parc.

© Christian Gluckman / Centre des monuments nationaux

Des arbres et des fleurs en abondance

Roses, campanules, phlox, digitales, clématites… Les fleurs sont nombreuses et colorées dans les jardins à l’anglaise ! Admirons celles du jardin de George Sand, célèbre écrivaine du XIXe siècle. Elle passe la majeure partie de sa vie dans sa maison de Nohant et consacre chaque jour plusieurs heures au jardinage. Le résultat est un ravissement pour l’œil !

Jardin de George Sand, avec des massifs de fleurs bordés de buis, des arbres et des arches couvertes de feuillage
Jardin de George Sand, à Nohant

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

Les arbres sont également importants, en particulier les essences exotiques. Le jardin du Trocadéro, au sein du domaine de Saint-Cloud, possède ainsi des arbres exceptionnels, dont un cèdre du Liban, un pin noir et un sophora du Japon.

Ne manquez pas les jardins à l’anglaise des châteaux de Bouges et de Champs-sur-Marne, sans oublier celui du château de Haroué !

Avez-vous déjà visité ces jardins ?

Parc de Saint-Cloud, avec des arbres, dont un cèdre du Liban, et une pièce d’eau
Cèdre du Liban, au sein du parc de Saint-Cloud

© Éric Sander / Centre des monuments nationaux

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