Art & Architecture
article | Temps de Lecture8 min
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Nos amies les bêtes sont très présentes sur les murs et les décors de nos monuments. Découvrez quelques exemples décryptés !
Un gisant est une statue représentant un mort étendu. Des animaux sont très souvent représentés aux pieds de ces sculptures funéraires... et leur fonction n’est pas uniquement décorative ! En effet, ils permettent de faire passer un véritable message et en disent beaucoup sur leur propriétaire.
Signe de courage, de force et de justice, le lion est aussi un symbole de la Résurrection du Christ. Pourquoi ? Car au Moyen Âge, on racontait que les lionceaux mort-nés étaient ramenés à la vie par le souffle de leur père.
Le roi des animaux est presque quasiment réservé aux sépultures d’hommes, comme vous pourrez le constater en visitant la nécropole royale de Saint-Denis ou le monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse.
Mais pendant longtemps, en Europe, le roi des animaux n'était pas le lion mais… l'ours !
Aux pieds du gisant du duc Jean de Berry, dans la crypte de la cathédrale de Bourges, vous apercevrez ainsi un ours couché. Sa symbolique demeure mystérieuse… Il pourrait faire référence à Saint Ursin, premier évêque de Bourges.
Mais vous remarquerez que cet ours est muselé : peut-être s’agit-il donc d’une allusion aux ambitions contrariées de Jean de Berry, troisième fils du roi de France Jean II dit le Bon, qui ne montera jamais sur le trône…
Les chiens, bons compagnons, sont très souvent représentés aux pieds des gisants. En effet, ils symbolisent la fidélité : au souverain, dans le mariage, à Dieu…
On les trouve généralement aux pieds des femmes ou même, parfois, des enfants. C’est le cas de Louis de France, le fils de saint Louis, dont vous pouvez admirer le gisant à la basilique Saint-Denis.
Si le chien tient entre ses pattes un os, cela signifie que le corps du défunt repose sous le gisant. Un vrai langage codé !
Les rois et empereurs choisissent bien souvent comme emblème un animal ayant une forte dimension symbolique.
La salamandre, par exemple, est l’emblème du célèbre souverain de la Renaissance François Ier. Associée aux flammes, à l’intrépidité et au courage, elle s’accompagne de la devise « Nutrisco et Extingo », ce qui veut dire « Je me nourris du bon feu et éteins le mauvais ».
Cette créature légendaire (qui n'a pas grand-chose à voir avec le petit amphibien de nos contrées) est fréquemment représentée sur les murs des châteaux royaux de la Renaissance, comme à Villers-Cotterêts.
Pour montrer leur attachement au monarque, il n’est pas rare que les nobles de l'époque intègrent des salamandres dans les décors de leurs demeures : c’est le cas notamment de Gilles Berthelot, commanditaire du château d’Azay-le-Rideau, ou de Jeanne de Balsac au château de Montal.
Le choix de l’animal peut aussi être un clin d’œil à de glorieux ancêtres. En effet, si Napoléon Bonaparte adopte l’abeille et l’aigle dans l’iconographie impériale, ce n’est pas pour rien !
L’abeille fait référence à la dynastie mérovingienne qui a elle aussi régné sur la France, et l’aigle fait allusion à la civilisation romaine puisqu’il s’agit de l’oiseau de Jupiter.
Regardez bien, vous pouvez le voir déployant ses ailes à la base de la colonne de la Grande Armée, érigée en l’honneur du premier empereur des Français, ou dans ses appartements au château de Rambouillet.
En choisissant ces animaux, Napoléon se distingue de la royauté et de ses fleurs de lys.
En vous promenant dans nos monuments, vous croiserez peut-être des visiteurs inattendus : lézards, faucons ou encore chauves-souris ont élu domicile dans nos remparts, nos murs ou nos combles.
Ouvrez bien l’œil pour tenter de les apercevoir !