Histoire

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Qui était Jean de Dunois ?

L'appartement privé de Jean de Dunois dit des bains dans l'aile Dunois

Le château de Châteaudun, qui surplombe fièrement le Loir, fut le fief de Jean de Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Découvrez la destinée singulière d’un des grands chefs militaires de la guerre de Cent Ans !

Jean, « le bâtard d’Orléans »

Probablement né en 1403, Jean d’Orléans est le fils illégitime de Louis Ier d’Orléans, frère cadet du roi Charles VI, et de Mariette d’Enghien. À l’époque, le terme « bâtard » désigne l’enfant né hors mariage, souvent issu d’une relation extra-conjugale. Cette situation est assez commune, compte-tenu des nombreux mariages arrangés, et ne possède pas de connotation péjorative. Il peut même être porté avec fierté, bien loin du sens actuel donné à ce mot ! Suivant l’usage, le jeune garçon est élevé dans la famille de son père, aux côtés de son demi-frère Charles d'Orléans.

En 1407, Louis Ier d’Orléans est assassiné sur ordre de son cousin, le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Cet événement déclenche une guerre civile entre les Armagnacs, partisans de la maison d’Orléans, et les Bourguignons. Les deux factions se disputent la régence du royaume de France, car le roi Charles VI, devenu fou, est incapable de gouverner. 

La division des Français incite les Anglais à reprendre les hostilités. La guerre de Cent Ans reprend de plus belle ! En 1415, se déroule la terrible bataille d’Azincourt, qui voit la déroute des Français face aux Anglais. Le frère aîné de Jean, Charles d’Orléans, est capturé. Il est envoyé en Angleterre, où il rejoint leur frère Jean d’Angoulême, déjà otage depuis 1412. Leur dernier frère, Philippe de Vertus, meurt quant à lui en 1420. À 17 ans, Jean « le bâtard d’Orléans » devient donc le chef de la maison ducale !
 

Portrait de Jean de Dunois
Portrait de Jean de Dunois

Hervé Lewandowski

Un rôle décisif durant la guerre de Cent Ans

Désormais, le sort de la maison d’Orléans repose sur les épaules de Jean. Doué pour le maniement des armes, il met son épée au service du dauphin, le futur Charles VII. Fait exceptionnel, il est adoubé chevalier à seulement 19 ans ! Il se révèle rapidement être un chef de guerre hors pair, doublé d’un diplomate de talent. 

En octobre 1428, la ville d’Orléans est assiégée par les Anglais. Or, son intérêt stratégique est majeur : puissamment fortifiée, elle protège le sud de la France, où se trouve le dauphin. Elle ne doit donc pas tomber aux mains des ennemis ! Quelques mois plus tard, en avril 1429, Jeanne d’Arc arrive à la tête d’une troupe de soldats français. En tant que capitaine d’Orléans, Jean de Dunois coordonne les opérations d’infiltration des renforts dans la ville assiégée. Une semaine plus tard, avec l’aide de Jeanne d’Arc, la cité est délivrée ! 

L'arrivée de Jeanne d'Arc, scène de La Grande Epopée
L'arrivée de Jeanne d'Arc, scène de La Grande Epopée

Thomas Thibaut

Devenu le compagnon d’armes de la Pucelle d’Orléans, il prend part à d’autres combats, dont la délivrance de Paris, en 1436. Trois ans plus tard, en 1439, il parvient à faire relâcher son demi-frère, Charles d’Orléans. Ce dernier lui témoigne sa gratitude en lui cédant le comté du Dunois. La même année, ses exploits lui valent d’être nommé lieutenant des armées du roi et Grand Chambellan par le roi Charles VII, qui lui fait aussi don du comté de Longueville, non loin de Dieppe. En 1440, il devient Jean de Dunois, ou plus simplement « Dunois », après que le roi lui a cédé « à titre perpétuel » le comté du même nom.
 

Jean de Dunois racontant sa vie dans la bibliothèque, scène de La Grande Epopée
Jean de Dunois racontant sa vie dans la bibliothèque, scène de La Grande Epopée

Thomas Thibaut

Jean de Dunois et le château de Châteaudun

Désormais, Jean de Dunois est l’un des plus importants personnages du royaume. Il siège au Conseil royal et dispose d’une fortune considérable. Son mariage avec Marie de Harcourt, en 1439, lui apporte d’autres fiefs, dont ceux de Beaugency et de Château-Renault.
Il s’installe dans une ancienne forteresse, cadeau de son demi-frère Charles : le château de Châteaudun. Afin d’affermir son rang et de léguer à ses descendants un château digne d’un prince de son époque, il se lance dans de grands travaux. Ainsi, il fait démolir l’ancienne forteresse jugée trop austère, démodée et non conforme à son statut de grand seigneur. 

En revanche, il conserve la grosse tour des comtes de Blois et la fait couronner d’une immense toiture en 1450. Puis, l’année suivante, il entreprend la fondation d’une chapelle pour y abriter un morceau de la Vraie Croix, relique de la Passion du Christ. Sous l’impulsion de sa belle-fille, Agnès de Dunois, elle deviendra l’une des rares Saintes Chapelles de France ! Enfin, en 1459, il fait bâtir un corps de logis de style gothique. L’essentiel du bâtiment est achevé au moment de sa mort, le 23 novembre 1468. 

Jean de Dunois est inhumé en la basilique Notre-Dame de Cléry, non loin d’Orléans. Ce n’est pas un hasard : il a contribué à la fonder en 1443, aux côtés du roi Charles VII. Il y repose aux côtés d’un autre souverain, Louis XI.

Chevalier renommé, Jean de Dunois est une figure incontournable du château de Châteaudun. Et si vous partiez sur ses traces ?

L'escalier hors œuvre de l'aile Dunois
L'escalier hors œuvre de l'aile Dunois

Léonard de Serres

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