Histoire
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Joséphine Baker est la 77e personnalité et la 5e femme à être honorée au Panthéon. Connaissez-vous la vie hors du commun de cette artiste, militante et résistante franco-américaine ?
Freda Josephine McDonald, alias Joséphine Baker, naît le 3 juin 1906 dans une Amérique encore en proie à la ségrégation. Issue d’une famille très pauvre du Missouri, elle est élevée « à la dure » et doit travailler comme domestique pour subvenir à ses besoins.
Mais la jeune fille rêve de devenir une star ! Passionnée de danse, elle rejoint en 1920 un trio d’artistes de rue, le Jones Family Band. Au cours d’une tournée, elle fait la rencontre d’un certain Willie Baker, qui deviendra son mari...
Douée et audacieuse, il ne lui faudra pas longtemps pour conquérir les foules : en 1925, elle part pour Paris et devient la vedette du spectacle musical « La Revue nègre », au Théâtre des Champs-Elysées. Le succès est immense et immédiat !
Un an plus tard, aux Folies Bergères, elle imagine une chorégraphie provocante qui marquera les esprits : vêtue d’une simple ceinture de bananes, elle déjoue et moque le stéréotype raciste du « bon sauvage ».
Joséphine Baker se lance également dans la chanson et le cinéma. Son plus grand tube ? « J'ai deux amours, mon pays et Paris » !
En 1937, l’icône des Années Folles épouse le Français Jean Lion et obtient la nationalité française.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Joséphine reste fidèle à son pays d’adoption. Elle rejoint la Résistance comme agent pour les services secrets de la France libre. Ses missions : transmettre des informations confidentielles, par exemple en les dissimulant dans ses partitions musicales !
Elle organise aussi des tournées pour soutenir les soldats français, britanniques et américains ainsi que pour les résistants sur le front. Engagée dans les forces féminines de l’Armée de l’air et nommée sous-lieutenant, elle sera décorée de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance française.
Un autre combat a rythmé la vie de Joséphine Baker : celui contre le racisme. Au sortir de la guerre, elle s’engage pour la Ligue internationale contre le racisme et dénonce ardemment la ségrégation aux États-Unis.
En 1947, elle épouse Jo Bouillon et achète avec lui le domaine des Milandes en Dordogne, où elle vivra jusqu’en 1969. Elle décide d’y réaliser son idéal humaniste en adoptant douze enfants de toutes origines, qu’elle surnomme sa « tribu arc-en-ciel ».
En 1963, elle accompagne Martin Luther King lors de la Marche vers Washington pour le travail et la liberté, et prend la parole devant une foule immense ! Pour l’occasion, elle a revêtu son uniforme et ses médailles de résistante.
Artiste et militante infatigable, Josephine Baker continuera à se produire sur scène et à défendre ses convictions jusqu’à sa mort, en 1975.
Joséphine Baker est la 6e femme à entrer au Panthéon, mais la 5e à y être honorée. En effet, Sophie Berthelot y a été admise en 1907 aux côtés de son mari Marcellin Berthelot, afin de ne pas les séparer dans l'éternité. Elle y est donc inhumée sans décret de panthéonisation.
Les quatre autres femmes honorées au Panthéon sont : Marie Curie, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Simone Veil.