Le Trophée d'Auguste à La Turbie

Sur la route littorale qui relie l'Italie aux Alpes Maritimes, le trophée de La Turbie signale l'extrémité méridionale de la chaîne montagneuse, juste avant qu'elle ne plonge dans la baie de Monaco. Érigé en 7 ou en 6 avant J. C. à la gloire d'Auguste pour célébrer la soumission définitive des populations alpines à Rome, cet édifice digne des plus grands monuments de la Rome antique marque une étape importante dans le développement de la propagande impériale : son architecture héroïsante commémore les exploits militaires d'Auguste et l'honore à l'égal d'un dieu. 

Ruiné dans l'Antiquité tardive, le trophée est devenu, à partir du Moyen Âge, une forteresse disputée. Consolidé au milieu du XIXe siècle, l'édifice subit plus tard de vastes travaux de déblaiement puis de restauration lors desquels la façade ouest fut reconstruite, figeant ici les vestiges dans une forme spectaculaire qui allait en devenir l'image la plus célèbre. Le monument qui nous est ainsi parvenu est, tout à la fois, un trophée romain en ruine, un château-fort démantelé, une invention d'architectes néoclassiques.

Sophie Binninger enseigne l'histoire romaine à l'université de Nice. Historienne et archéologue, rattachée au Centre d'études préhistoire, antiquité, Moyen Âge (rattaché au CNRS), elle prépare une thèse de doctorat sur le trophée des Alpes à La Turbie. Elle travaille à un livre sur les vestiges sculptés du monument, dont l'étude lui a valu le prix départemental de la recherche historique dans les Alpes-Maritimes.